Librairie Pierre Saunier

Catalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave MirbeauCatalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave Mirbeau Catalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave MirbeauCatalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave Mirbeau Catalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave MirbeauCatalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave Mirbeau Catalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave MirbeauCatalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave Mirbeau Catalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave MirbeauCatalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave Mirbeau

Gauguin (Paul).
Catalogue d’une vente de 30 tableaux. Préface par Octave Mirbeau. Avec un improbable carton d'invitation pour la vente.

Paris, Grande imprimerie, 1891 ; plaquette in-12, brochée. 14 pp.

4 800 €

En 1889, Gauguin a décidé de repartir. Après avoir hésité à retourner en Martinique, songé à Madagascar, tenté le Tonkin, il a opté pour Tahiti. A l’automne 1890, il est revenu du Pouldu à Paris pour financer son voyage par une vente de tableaux. Charles Morice a pressé Mallarmé d’intercéder auprès de Mirbeau pour promouvoir la vente dans les journaux.

Un de mes jeunes confrères de grand talent et de cœur, lié avec le peintre, sculpteur et céramiste Gauguin, vous savez qui c’est ! m’a supplié de vous adresser une requête, comme au seul homme qui puisse ici faire quelque chose – lui écrit Mallarmé le 5 janvier 1891. Cet artiste rare, à qui, je crois, peu de tortures sont épargnées à Paris, éprouve le besoin de se concentrer dans l’isolement et presque la sauvagerie. Il va partir pour Taïti (sic), y construire sa hutte et y vivre parmi ce qu’il a laissé de lui là-bas, y retravailler à neuf, se sentir. Six mille francs lui sont nécessaires (…) seulement il faudrait un article, pas sur la vente, rien de commercial ; mais attirant simplement l’attention sur le cas étrange de ce transfuge de la civilisation ; et comme vous pourriez faire cela ! au Figaro, quelque matin (…).

Sans connaître Gauguin, Mirbeau, qui vouait un véritable culte au poète de L’Après Midi d’un faune, accepta avec le plus grand cœur cette œuvre de justice. Morice et Gauguin se rendirent chez Mirbeau qui tira de cette entrevue de quoi tracer un portrait attirant, évoquant le Pérou, Flora Tristan, Fourier, Jésus ou les aventures du peintre dans les mers du Sud ou à la Bourse de Paris...

Je suis tout à fait désolé, avec Gauguin – écrivit Mirbeau à Mallarmé le 1er février suivant. J’aurais voulu faire un article très bien, et celui que j’ai envoyé est mauvais. Mirbeau le pensait parce que Magnard l’avait refusé – plus simplement, celui-ci était complétement ignorant de Gauguin – et lui concéda juste un entrefilet dans Le Figaro pour annoncer la vente. Mirbeau, qui redoutait tant de démériter aux yeux de Mallarmé, obtint que L’Écho de Paris publie son article décisif. Celui-ci parut, sans coupures, le 15 février et fut intégralement reproduit en guise de préface au présent catalogue.

La vente eut lieu le 23 février à l’Hôtel Drouot et rapporta 9 860 francs, somme qui constitua le plus clair du viatique que Gauguin emporta à Tahiti. L’Écho de Paris salua ce résultat honorable, ajoutant : on n’oublie pas que dans vingt ans tous ces tableaux vaudront au moins 20 000 francs, et au prix du jour c’est un fort joli placement. Et quelle tête feraient aujourd’hui ces messieurs de L’Écho devant le prix de cette frêle brochure ?

Est joint le rarissime carton d'invitation - carton rarissime, on insiste - ronéotypé pour l'occasion : Exposition à l'Hôtel des Ventes - Dimanche, 23 février 1891 de 30 Toiles / La vente aura lieu le lundi 24 (corrigé à la main 23) courant / Monsieur Gauguin vous prie de lui faire l'honneur d'y assister.

Un fichu coupe-fil pour les grand-messes d'aujourd'hui, non?

Rarissime brochure, muséale.